Un reflet étrange...

Lilith n'était que très rarement entrée dans la salle intemporelle, celle-ci l'ayant otujours effrayée de par sa bizarrerie. Elle trouvait cet endroit glauque, étrange, et avait l'impression que ce qui émanait de cette pièce était au-delà de ce que de simples âmes pouvaient comprendre. Un peu comme ce qu'est la mort pour les vivants, beaucoup d'hypothèses, peu de savoir acquis. Une simple vue de l'extérieur, voilà tout ce que c'était.

Lilith poussa la porte et prit bien soin de la refermer derrière elle. Ce qui l'avait poussé à venir une fois de plus dans ce lieu qu'elle s'était juré de ne plus fouler de ses pas n'était autre qu'une envie irrésistible de savoir ce que les miroirs lui diraient. La première fois qu'elle était venue, elle n'avait vu que son reflet, mais déformé, comme si elle s'était regardée dans un miroir déformant. Mais ce n'était pas le cas. Dit comme ça, cela n'a pas l'air bien effrayant, juste un peu étrange. Mais essayez, vous, de vous retrouver devant un miroir qui déforme votre visage et non ceux des autres : c'est plus que troublant. Chacun a sa vision des choses, Lilith le savait, et depuis des millénaires qu'elle était à Vallahad elle avait changé, tout avait changé, mais cette pièce n'avait rien de différent.

Une dizaines de miroirs disposés en désordre sur des murs d'un bleu très pâle, tous différents les uns des autres, donnaient à la petite pièce une grandeur surnaturelle. Lilith s'avança, lentement, vers le milieu de la pièce, et le vieux plancher craqua sous ses pas d'un air sinistre. Elle tourna sur elle-même, avec des gestes ralentis comme pour ne pas réveiller une bête qui n'attendrait que d'être réveillée pour venir vous dévorer. Tous les miroirs reflétaient la même chose : une jeune fille blonde habillée de couleurs sombres, un air un peu déstabilisé sur le visage. Tous, sauf un.

C'était un des plus petits miroirs. Décoré d'un cadre d'argent aux gravures compliquées, il n'était pas des plus spectaculaires de la pièce. Pourtant, c'est celuis qui attira l'attention de Llilith. Elle s'en approcha, tentant de son mieux de ne pas faire trop de bruit en marchant sur le parquet, et resta de longues minutes sans bouger à observer ce qui se reflétait dans la glace. Eve, sa pire enemie, sa concurrente de toujours, se tenait à sa place, dans un coin de la pièce, observant immobile le reflet du miroir. Enfin, après plusieurs minutes de stupeur, Lilith leva une main. Son reflet fit de même. La secoua, même réaction. Elle ferma les yeux, histoire de se distancer de la situation pour au moins quelques secondes.

Les objets parlent, c'est la vérité, il faut simplement savoir les écouter, mais pas seulement avec les oreilles. Quand vous vous levez le matin, que votre réveil est encore plus brutal que d'habitude, que vous vous cognez le petit doigt de pied à votre lit, que votre tartine se renverse dans votre chocolat et vous éclaboussent d'un liquide brûlant, ils vous signifient juste que ce matin-là, il aurait mieux fallu que vous restiez au lit. A ce moment-là, le miroir parlait à Lilith. Elle ne savait tout simplement pas l'écouter, et n'arrivait pas à comprendre ce qu'il essayait de lui dire. Elle se refusait à croire que cette personnification en la personne d'Eve voulait lui dire qu'elle était devenue comme elle. C'était tout simplement impossible. Elle n'y croyait pas : d'ailleurs, elle avait dû rêver.

Elle rouvrit les yeux : Eve était toujours là, dans le miroir, mais quelque chose avait changé. Il y avait quelqu'un derrière elle. Lilith se retourna vivement, mais il n'y avait personne. Pourtant, des pas se rapprochaient dangereusement de la porte de la salle, signe que quelqu'un arrivait. Serait-ce possible que ce miroir aie montré le futur ? C'était impossible...

Lilith se demanda ce que voyaient les autres gens dans les miroirs. Chacun a sa vision des choses, comme je l'ai dit plus haut, mais est-ce toujours le cas ? Elle regretta d'être une fois de plus entrée dans cette pièce. Trop de questions auxquelles elle était sûre de ne pouvoir répondre se posaient dans sa tête, et ce n'était pas chose à lui plaire.

Lilith regarda, intriguée, le nouvel arrivant. Il venait de découvrir les miroirs et tout ce qu'ils cachaient... Cela se voyait à son expression étonnée et à l'exclamation qu'il venait de lâcher. Lilith ne put s'empêcher de sourire : elle ne voyait dans les miroirs que le vrai reflet du jeune homme, ses ailes noires, ses yeux et cheveux d'un violet profond... C'était tout. Elle était fixée maintenant : tout le monde ne voyait pas la même chose dans les miroirs.

Sans se retourner, trop effrayée pour regarder une fois de plus le miroir qui ne lui avait pas montré son reflet, elle s'avança vers le Damné. Elle regarda une fois de plus les miroirs autour d'eux qui ne reflétaient à ses yeux que deux reflets tout ce qu'il y avait de plus normal. Mais elle se demandait tout de même ce qu'il voyait, lui. Etait-ce un flou étrange devant sa figure, le reflet de quelqu'un d'autre, ou autre chose ? Tout était possible, tout était envisageable. Plus rien n'était impossible ici.

-Qu'est-ce que vous voyez ?

Elle se posta juste devant lui, pour tenter d'attirer son attention et d'éloigner son regard des miroirs : elle le savait, cela pouvait faire devenir fou si on ne savait pas s'arrêter. Mais c'était dur, et elle-même avait du mal à garder la tête droite sans loucher sur le petit miroir argenté.

Lilith sourit d'un air amusé, et cette fois, ne put s'empêcher de jeter un regard en coin au petit miroir. Toujours ce reflet, celui d'Eve. Et le léger sourire qu'elle affichait se transformait en sourire moqueur dans le miroir. Horrifiée, elle effaça en un instant ce sourire, se demandant si elle avait vraiment pris cet air méprisant. Si ça avait été le cas, ce n'était pas intentionnel. Elle rejeta son attention sur le Damné, cette fois définitivement.

-Déguisé ? Comme c'est étrange...

Elle l'imagina avec un masque de chat et des moustaches dessinées sur le visage. Mais non, ce ne devait pas être ça. Le reflet de ces miroirs n'était probablement pas fait pour être humouristique.

-Stupéfiants, oui, c'est le moindre mot...

Elle resta un moment pensive, se demandant par quels adjectifs on pouvait décrire ces miroirs. Il y en avait probablement des dizaines, des centaines, et en réfléchissant un peu tous les mots du monde ne suffiraient pas à les décrire.

-Je vous expliquerais bien, mais moi-même je ne sais pas ce que c'est...

Elle s'approcha du petit miroir, sans rélféchir, regardant dans les yeux cette image d'elle qui n'était pas elle. Elle leva une main, lentement, et effleura du bout des doigts la matière froide et lisse du miroir. Puis, toujours sans vraiment penser à ce qu'elle faisait et disait, le regard vide et la voix sans ton, elle commença à raconter.

-Moi, je ne me vois pas. Ce n'est pas moi, c'est une ancienne, très ancienne connaissance. Elle m'a volé ma place. C'est elle qui m'a remplacée dans le rôle de la première, le commencement de tout, la mère de tous...

Elle se tut, pensive sur ce qu'elle venait de dire. C'était flou, mais pour elle c'était parfaitement explicite. Ou, au moins, ça l'était assez.

Lilith se retourna brusquement, peut-être un peu trop même, tournant le dos au miroir, ce qui évitait toute tentaation de regarder encore une fois. Elle afficha un mince sourire à l'évocation de son arrivée ici, de ces milliers d'années où elle s'était sentie seule, extrêmement seule...

-Oui, c'est exact. J'étais la première, et je serai probablement aussi la dernière.

Elle s'arrêta sur cette expression qu'il avait utilisée : l'après mort. Etait-ce vraiment l'après mort ? N'était-ce pas plutôt la mort elle-même ? De toute façon, la mort n'était qu'une notion vague, qui pouvait désigner un moment comme une éternité. De toute façon, ce n'est qu'un mot, et les mots expriment rarement les choses avec autant de précision qu'on le fait avec des idées. Ce ne sont que de simples réincarnations de ce qu'on pense, ressent, voit... Utiles seulement à partager tout ça, mais les meilleures discussions sonnt celles sont mots, celles où on n'a pas besoin de ça pour se comprendre, où les idées passent sans être éronnées par des propos trop vagues. Malheureusement, ces discussions ne se font habituellement qu'avec soi-même, et il est dur de partager vraiment ce qu'on pense.

-Ca a toujours été comme ça, et ce n'est pas prêt de changer.

Elle laissa malgré elle échapper un soupir à l'idée qu'elle devrait encore passer ici tout le temps qu'elle y avait déjà passé, peut-être même plus. L'éternité est une chose bien longue, parfois.

Une lueur d'espoir mêlé de reconnaissance s'alluma dans les yeux de Lilith, alors qu'elle réalisait que tout ce temps, elle n'avait attendu que ce moment. Cet instant si beau où quelqu'un lui garantissait, à tort ou à raison, sincèrement ou non, qu'elle ne serait plus seule. Le simple fait de s'entendre dire ces mots lui donna un sentiment si intense qu'elle en eut presque l'envie de pleurer. De joie, de mélancolie, elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais le fait était là.

-Je... Merci. Merci beaucoup.

Tout d'un coup, ses mots lui semblèrent absurdes. Merci pour quoi ? Pour une promesse qu'il n'allait probablement jamais tenir ? Elle connaissait les Damnés, elle les connaissait un peu trop même, et savait qu'il était dangereux de leur faire trop confiance.

-Vous ne devriez pas vous engager ainsi, vous êtes ici pour un bon moment encore et ici le temps passe au ralenti !

Elle tenta de rire, mais il ne sortit de sa bouche qu'un soubresaut nerveux et plutôt ridicule. Elle n'y pouvait rien : le coeur n'y était pas. Elle était passé de l'espoir à la déception en quelques secondes à peine.

Lilith fut ravie et étonnée à la fois. Ce Damné promettait bien des surprises, c'était évident, et il avait l'air assez sûr de lui pour qu'elle le croie quand il lui disait être sincère. Après tout, tous les Damnés n'étaient pas des êtres maléfiques, même si c'était vrai la plupart du temps, et il fallait bien des exceptionsp our confirmer une règle.

-C'est très généreux de votre part ! Vous n'êtes pas comme les votres...[b]

Elle était curieuse de savoir ce qui avait bien pu ammener quelqu'un qui semblait plus que généreux à faire partie de ce groupe, ou plutôt de cette forme, les Damnés. C'était un étrange contraste qui se formait autour de lui, et Lilith avait toujours aimé les contrastes.

[b]-Serait-il indiscret de vous demander ce que vous faites chez les Damnés ?

Malgré le sourire amical que lui adressa le Damné, elle vit qu'il n'avait apparemment pas apprécié sa remarque. C'était compréhensible, car maintenant qu'elle y repensait, elle réalisait qu'elle avait manqué de tact. Pourtant elle ne l'avait pas dit comme une insulte, bien au contraire. C'était plus une constatation qu'autre chose.

-Excusez-moi, je ne voulais pas vous offenser... Vous avez vraiment de quoi être fier.

Elle hocha de la tête, se remémorant la tête qu'il faisait en entrant, en regardant les miroirs. Maintenant, elle comprenait. C'était parfaitement la tête de quelqu'un qui vient de découvrir la raison de son existence pour les temps à venir, un crime. Mais quelque chose ne collait pas dans sa version. Si c'était un ami qui avait commis ce crime, alors c'était à lui d'en subir les conséquences. Ce n'était pas comme si un mensonge pouvait en faire accuser un à la place de l'autre, et il devait bien avoir quelque chose à voir avec cette affaire. Mais elle préféra garder cette hypotèse pour elle, jugeant qu'elle l'avait déjà assez vexé pour la minute.
Elle s'attarda donc sur ses derniers mots : sans se plaindre. Il en subissait les conséquences sans se plaindre. Comme s'il était à ses ordres, ou quelque chose comme ça. Peut-être, en effet, était-il lui-même dirigé, ou plutôt commandé par cet ami. Mais cela restait tout de même étrange...

-Sans vous plaindre ? Parce que vous ne trouvez rien à redire, ou est-ce plutôt un choix que de garder le silence ?

Schizophrène ou simplement bizarre ? Lilith hésitait encore... Mais peut-être que ce déguisement n'était qu'une façade pour pouvoir commettre des crimes avec l'esprit tranquille. Mais c'était tout de même étrange...

-Alors, vous avez commis des crimes, mais déguisé ? Et... Quel genre de crimes ?

Elle ajouta avec empressement, réalisant que ce n'était en rien ses affaires et qu''elle était beaucoup trop indiscrète vu qu'elle venai de le rencontrer.

-Ne répondez pas si vous voulez, après tout ce ne sont pas mes affaires...

Au nmois, elle avait son explication : elle savait maintenant pourquoi lui payait pour les crimes de son ami, si son ami était lui-même. Tout ça rappellait étrangement la schizophrénie, ou à la limite une forme de follie bizarre, un trouble de la personnalité ou d'autres grands mots sans grande différence.

L'amnésie ? Ca devait être dur, très dur, Lilith se l'imaginait très bien. Mais elle repensa à sa discussion avec Chiiyoko, dans le salon rouge, qui, elle, aurait tout donné pour oublier sa vie passée. Et si Dark, ou plutôt Krad, avait commis des crimes, peut-être valait-il mieux qu'il les oublie pour pouvoir recommencer à zéro sans remords au quoi que ce soit d'autre.

-Peut-être que c'est mieux que vous ne vous en souveniez plus, non ?

Mais peut-être que lui n'aurait pas voulu oublier ? Si Chii aurait préféré tout oublier, peut-être que ce n'était pas le cas de tout le monde et que certains préfèrent assumer leurs actes, même s'ils n'en sont pas fiers.

-De toute façon, ici tout ça n'a plus vraiment d'importance...

Lilith acquiesca à ce qu'il dit. C'est vrai, c'est parfois un choix qu'on a du mal à faire. Savoir quelque chose qu'on sait avoir du mal à accepter ou ignorer quelque chose d'important qui nous concerne. Les deux possibilités sont difficiles à encaisser.

Elle resta un instant pensive; se remémorant combien elle aurait voulu oublier sa vie, au début de son séjour à Vallahad. C'était il y avait très longtemps, et de l'eau avait coulé sous les ponts, mais jamais elle n'avait oublié. La haine l'avait rongée durant des années, des siècles, mais jamais elle n'avait pu oublier. Et, petit à petit, elle s'était fait à cette idée. Elle avait enfin réussi à admettre que ce n'était que du passé, et que cette vie n'avait plus sa place dans la mort. Mais il lui avait tout de même un certain temps pour en arriver à ce point, et elle doutait que ce fut possible de faire beaucoup moins.

A l'évocation de ces souvenirs, elle repensa à Eve, non celle qu'elle avait connue, mais celle qui lui était apparue dans le miroir, quelques minutes auparavant. Elle se retourna, lentement, hésitante, mais vit avec soulagement qu'elle n'y était plus. Il n'y avait plus que son reflet, son visage, ses cheveux, tout. C'est là qu'elle réalisa combien il est réconfortant de regarder son propre visage quand on a besoin d'un repère pour ne pas se sentir complètement perdu.

Elle continua de ne rien dire, tout simplement parce qu'elle n'avait rien à dire. Le problème qu'il présentait lui appartenait, et elle considérait que ce n'était pas à elle de le conseiller. Et puis, surtout, elle n'aurait su quoi lui dire, car elle-même ne savait pas ce qu'elle aurait fait. Mais ce n'était pas vraiment un choix, de toute façon, il n'avait pas choisi d'être amnésique. Certains avaient de la chance, d'autre non. Mais les chanceux étaient-ils ceux qui se souvenaient ou ceux qui avaient oublié ? Elle ne le savait pas... Mais selon elle chacun se croyait malchanceux, et il aurait suffit d'inverser les rôles pour qu'ils préfèrent leur situation de départ.

Lilith s'attendait à cette question, et pourtant elle ne savait toujours pas quoi dire. Quoi, qu'elle ne savait pas ? Ce n'est pas le genre de réponse qui aide... Mais c'est tout ce qu'elle avait. Ca, et qu'on pouvait tout voir, ou rien du tout. Bref, que des propos sans grand sens, juste pour dire quelque chose qui peut ressembler à quelque chose d'intelligent si on n'y réfléchit pas trop.

-Je n'en ai aucune idée...

Elle tourna une fois de plus le dos au miroir qui n'avait plus rien à lui montrer, pour se remettre face au jeune homme.

-Je ne sais pas, à vrai dire je n'ai jamais vraiment compris ce qu'ils montraient... Et Dieu sait que j'y ai réfléchi...

Dieu ? Quel dieu ? Le dieu sexiste qui l'avait chassée de terre, sous prétexte qu'elle était l'égale d'un homme ? Non, pas ce dieu-là... C'était à un autre dieu qu'elle faisait allusion. Mais elle ne savait tout simplement pas lequel... Il fallait juste qu'il soit inventé, et ensuite elle pourrait vraiment faire appel à ce dieu. Mais pour l'instant, aucun ne lui convenait. Et puis, ce n'était pas le genre de préoccupations qui l'intéressaient... Elle se jura de chasser cette expression de son vocabulaire, et de ne plus jamais invoquer le nom de quelque dieu que ce soit.

Lilith pesa ses mots, réfléchissant à la manière d'expliquer ça... Comment résumer ce qui se passait dans ce monde ? Pour elle, c'était presque quelque chose d'évident, mais elle se doutait que tout le monde ne savait pas ça... Sur terre, au moins, c'était sûrement quelque chose qui ne se savait pas.

-Non, il n'y a pas un dieu... Il y en a plusieurs. Des centaines, peut-être des milliers. Tous les dieux qui ont été inventés depuis la nuit des temps existent, sans exception. Mais l'image qu'on se fait d'eux n'est pas toujours vraie...

Elle s'arrêta un instant, réalissant que ce qu'elle disait n'était pas vraiment explicite. Elle ne savait pas comment expliquer quelque chose qui, pour elle, était évident depuis bien longtemps.

-En gros, un dieu existe à partir du moment où il est inventé, et où une religion est formée à partir de lui. Et, même si elle n'est plus pratiquée, il existe encore pour toujours. Il y a donc beaucoup de dieux maintenant, et sûrement encore plus dans quelques millénaires...

Amusant... Lilith ne l'aurait pas dit comme ça, mais, en effet, dans un sens, c'est assez amusant. Tous ces conflits, ces guerres, tout ça, tout ce que la religion a provoqué et provoquera encore, c'est vain à un point que les vivants n'arrivent pas à imaginer... Mais ils ne le réalisent qu'une fois morts, juste au moment où c'est inutile. C'est vrai que c'est amusant...

-D'ailleurs, peut-être avez-vous déjà rencontré un dieu ? Il y en a deux à Vallahad... Hadès et Isis. Les connaissez-vous ?

Elle repensa à ces deux dieux qui géraient avec elle Vallahad. Elle n'était pas vraiment une déesse, bien qu'ici elle soit aussi puissante qu'eux. Mais ce n'était pas important à ses yeux, ce n'était pas ce genre de choses qui régissaient sa vie. Ou plutôt, sa mort. La vie de sa mort. Ou la mort de sa vie. De toute façon, ça revenait au même : même en inversant le sens de la phrase elle s'applicait parfaitement à la situation... Etrange, illogique, mais vrai.