Au milieu de la grande pièce circulaire se dressait une petite fontaine où coulait de l'eau claire et limpide, d'où semblait sortir une lumière douce et apaisante qui se reflétait sur les murs couverts d'un carrelage qui rappelait les palais Marocains que l'on trouve encore sur Terre. Lilith prit bien la peine de refermer la porte derrière elle et s'avança d'un pas lent et respectueux vers la fontaine. Elle descendit les deux marches qui y conduisaient, formant un cercle autour de la fontaine, et s'approcha du bord. Elle était petite mais dégageait une impression de majestuosité et d'importance inégalables et Lilith fut prise d'un élan de respect et d'admiration pour ce simple tas de marbre lisse, sentiment qui n'est compréhensible que si l'on s'est déjà trouvé dans cette situation.
Elle regarda la surface de l'eau, à peine interrompue par quelques vaguelettes, qui brillait de toute sa lueur blanche et indéterminée. Elle vit dedans son reflet, et, étrangement, il lui sembla changé. Bien sûr, c'était elle qu'elle voyait dedans, mais même si elle n'aurait su dire pourquoi elle ne reconnaissait qu'avec difficulté ce visage qui était pourtant le sien. Soudain elle entendit derrière elle des bruits de pas qui s'approchaient de la pièce ; elle se retourna et regarda fixement la porte, attendant de voir qui venait.